Raymond Aubin

Je suis intrigué par la tension qui existe entre l’ordre et le désordre dans nos sociétés et dans nos vies. Nous nous débattons pour donner un sens à un monde contingent et chaotique. L’ordre repose sur les mythes, sur les récits que nous imaginons. Or, ceux-ci sont souvent précaires, laissant se révéler le chaos à chaque perturbation, à chaque doute.

Ma pratique artistique se rattache au paradigme hypermoderne. Celui-ci se caractérise par l’indétermination entre légèreté et gravité, par l’utilisation de la technologie, par la création de réalités fictives, par la production d’expériences, par la création collaborative et participative et par la complicité immédiate avec le spectateur. J’utilise les moyens offerts par la postphotographie, issus de la numérisation de l’image. J’utilise également la vidéo, la captation sonore et la programmation informatique. J’accorde beaucoup d’importance aux dispositifs d’exposition.

Je cherche à appréhender le caractère phénoménologique et équivoque des choses de la vie ordinaire. Je présente des situations simples à la complexité cachée sans poursuivre de trame narrative. Je fais jouer la diversité des formes, des couleurs et des sons. Je souhaite faire vivre au spectateur des expériences esthétiques nouvelles et ambigües.

L’indétermination qui fonde l’art de l’Asie de l’Est me fascine depuis longtemps. Dans cet art, les contraires coexistent et il n’est nul besoin de choisir. Les peintures chinoises participent autant du vide que du plein, autant du flou que du net. Les haïkus japonais mettent en dissonance des faits banals sans les réconcilier.

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